YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 19

IMPERFECTION DE L'ENFANCE

1.- Celui qui obtient sa naissance dans l'océan instable du monde, perturbé par les flots du mouvement des affaires, doit passer sa jeunesse à ne faire que souffrir.

2.- Manque de force et de sens, sujétion aux maladies et aux dangers, au mutisme et à l'appétit, accompagnés des ardents désirs et de la faiblesse, sont les concomittants de l'enfance.

3.- L'enfance est enchaînée à l'agitation et aux pleurs, aux accès de colère, à la passion et à toute sorte d'incapacité, comme un éléphant quand il est assujetti au pieu par ses fers.

4.- Les vexations qui tourmentent la poitrine du petit enfant sont bien plus grandes que celles qui nous troublent dans l'adolescence et la vieillesse ou qui nous troublent dans la maladie, le danger ou à l'approche de la mort.

5.- Les actions d'un garçon sont comme celles des jeunes animaux qui sont toujours agités et rebuffés par tout le monde. Aussi la jeunesse est-elle plus intolérable que la mort elle-même.

6.- Comment la jeunesse pourrait-elle être plaisante pour qui que ce soit quand elle n'est qu'un semblant d'ignorance grossière et qu'elle est pleine de caprices et de passe-temps et toujours sujette à des égarements.

7.- C'est cette jeunesse stupide qui est en crainte constante de dangers qui à chaque pas apparaissent du feu, de l'eau et de l'air et qui nous mène rarement dans d'autres états de la vie.

8.- Les garçons sont sujets à faire d'innombrables erreurs dans leurs jeux et leurs mauvais divertissements, dans tous leurs souhaits et toutes leurs tentatives au-delà de leur capacité : aussi la jeunesse est-elle l'état le plus dangereux.

9.- Les garons s'engagent dans de fausses poursuites et de mauvais divertissements, et ils sont sujets à toutes les folles puérilités. Aussi la jeunesse est-elle propre au bâton et non au repos.

10.- Toutes les fautes, toutes les inconduites, transgressions et maux de coeur reposent cachés dans la jenesse comme des hiboux dans des grottes creuses.

11.- Honte à ces gens ignorants et fous qui sont faussement poussés à s'imaginer que la jeunesse est la période la plus agréable de la vie.

12.- Comment la jeunesse peut-elle nous paraître agréable quand le mental balance comme une balançoire vers tout objet de désir quand bien même on le jugerait mauvais dans les deux mondes.

13.- Les esprits de tous les êtres vivants sont toujours agités mais ceux des jeunes gens le sont dix fois plus.

14.- Le mental est naturellement instable et ainsi en est-il aussi de la jeunesse. Dites ce qui peut nous sauver de cet état de la vie quand ces deux choses vagabondes se combinent pour notre destruction.

15.- Les regards des femmes, les éclairs de lumière, la flamme du feu et les vagues toujours roulantes ont tous imité l'inconstance de la jeunesse.

16.- La minorité semble être un frère jumeau pour le mental, et lui ressemble dans l'instabilité et la fragilité de tous ses desseins.

17.- Toutes les sortes de misères, de méfaits et d'égarements attendent la jeunesse, comme toutes sortes d'hommes se cramponnent aux riches.

18.- Les garçons aiment les choses fraîches en tous temps, et s'ils manquent à les obtenir, ils s'évanouissent comme sous l'effet du poison.

19.- Un garçon, comme un chien, s'apprivoise aussi facilement quand il est irrité par peu, et ile st aussi content de s'étendre dans la poussière que de jouer avec la saleté.

20.- Un garçon fou, agité, le corps barbouillé de boue avec des larmes aux yeux, apparaît comme un amas d'argile sèche souillé par une averse.

21.- Les garçons sont sujets à la peur et à la voracité; ils sont impuissants mais ils aiment tou ce qu'ils ont vu ou entendu et ils sont également inconstant dans leur corps et dans leur mental. Aussi la jeunesse n'est-elle qu'une source de trouble.

22.- L'enfant fou et impuissant devient aussi triste et revêche quand ils n'arrive pas à obtenir l'objet de sa fantaisie que lorsqu'il est contrecarré dans la chose qu'il désire.

23.- Les enfants ont beaucoup de difficulté à obtenir les choses qu'ils veulent et qu'ils n epeuvent demander qu'avec des mots indistincts. Aussi personne ne souffre autant que les enfants.

24.- Un garçon est aussi irrité par l'impatience pour ses désirs capricieux qu'un morceau de terre dans le désert est désseché par la chaleur de l'été.

25.- En entrant à l'école, un garçon est sujet aux corrections qui lui sont aussi pénibles que l'aiguillon et les chaînes le sont à l'éléphant.

26.- Enormément de caprices et de passe-temps ainsi qu'une variété de fausses fantaisies ont continuellement endance à affliger l'enfance qui apprécie toujours les jouets et les amusements.

27.- Comment peut-on dire de l'enfance insensée qu'elle est un état heureux de la vie lorsque l'enfant est lmené par son ignorance à tout avaler dans le monde et à espérer tenir la lune dans le ciel ?

28.-Dis, grand sage, quelle différence il y a entre un enfant et un arbre, les deux ont de la sensibilité mais ils sont incapables de se défendre de la chaleur et du froid.

29.- Les enfants sont de la nature des oiseaux, les deux sont sujets à la peur et à la faim et prêts à voltiger quand ils sont poussés par elles.

30.- La jeunesse est aussi la demeure de la peur de tous côtés, comme du côté du tuteur, du père, de la mère, du frère aîné et des garçons âgés, et en outre de tout le monde

31.- Aussi l'état désespéré de l'enfance, qui est pleine de fautes et d'erreurs et qui s'adonne aux divertissements et à l'irréflexion ne peut être satisfaisante pour personne.