YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(Traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 22

OPPROBRE DE LA VIEILLESSE

1.- L'enfance a à peine perdu ses manières qu'elle arrive à l'adolescence, souvent suivie par une vieillesse impitoyable qui dévore les deux autres.

2.- La vieillesse flétrit le corps comme la gelée gèle le lac de nénuphars. Elle fait disparaître la beauté de la personne comme une tempête fait disparaître les nuages d'automne, et elle recroqueville le corps comme un courant emmène un arbre sur la rive.

3.- Le vieil homme avec ses membres relâchés et usés par l'âge et le corps affaibli par l'infirmité es traité par les femmes comme une bête inutile.

4.- La vieillesse fait disparaître le bon sens de l'homme, comme une bonne épouse est éloignée par sa belle-mère.

5.- Un homme dans cet état de vieillesse chancelante est raillé comme un ? par ses propres fils et serviteurs et même par sa femme et tous ses amis et relations.

6.- L'avarice insatiable comme un vautour avide s'abat sur la tête du vieillard quand son allure devient de plus en plus grossière et que son corps devient impuissant et dépourvu de toutes qualités et pouvoirs virils.

7.- L'appétit, compagnon constant de ma jeunesse, se développe avec mon âge, accompagné de ses maux d'indigence, de brûlures d'estomac et d'agitation.

8.- Ah, que dois-je faire pour faire disparaître mes peines actuelles et à venir ? C'est cette peur qui augmente avec la vieillesse et qui ne trouve aucun remède.

9.- Que suis-je pour êter porté à cette extrêmité d'absurdité et que puis-je faire dans cet état ? Je dois rester muet et silencieux. Avec ces réflexions, il y a un sens accru d'impuissance dans la vieillesse.

10.- Comment, quand et que vais-je manger, et qu'est-ce qui est doux à goûter ? Ce sont les pensées qui troublent l'esprit de celui sur lequel s'abat la viellesse.

11.- Il y a un désir insatiable de plaisirs, mais les pouvoirs de les connaître manquent. C'est le manque de force qui afflige le coeur dans la vieillesse.

12.- La vieillesse chenue se tient et crie comme un héron au sommet de l'arbre de son corps infesté au-dedans par les serpents de la maladie.

13.- Comme le grave hibou, l'oiseau de nuit, apparaît de manière intattendue à notre vue dès que les ombres du soir couvrent le paysage, l'apparence solennelle de la mort nous surprend au soir de notre vie.

14.- Comme l'obscurité règne sur le monde au soir du jour, la mort surprend le corps au soir de la vie.

15.- La mort surprend l'homme dans sa vieillesse chenue tout comme le singe s'abat sur un arbre couvert de fleurs de nacre.

16.- Même une ville déserte, un arbre sans feuille et une terre desséchée peuvent présenter un bel aspect, mais jamais le corps n'est beau lorsqu'il est affaibli par la vieillesse.

17.- La vieillesse avec sa toux éprouvante s'empare de l'homme, tout comme un vautour saisit sa proie avec des cris perçants pour la dévorer.

18.- Comme une fille s'empare avidement d'une fleur de lotus à chaque fois qu'elle en rencontre une, l'arrache de sa tige et la déchire en morceaux, la vieillsee surprend le corps et l'abat à la fin.

19.- Comme le coup de vent glacé secoue l'arbre et couvre ses feuilles de givre, la vieillesse saisit le corps avec un tremblement et remplit tous ses membres de la rouille des maladies.

20.- Le corps pris par l'âge devient aussi pale et meurtri qu'une fleur de lotus battue par le gel se dessèche et se brise.

21.- Comme les rayons de lune contribuent à la pousse des fleurs de Kumuda au sommet des montagnes, la vieillesse produit des cheveux gris qui ressemblent aux fleurs de casta sur la tête des hommes.

22.- La mort, seigneur de tous les êtres, regarde la tête grise de l'homme comme une citrouille mure assaisonnée du sel de la vieilesse et la dévore avec enthousiasme.

23.- Tout comme Ganga renverse un arbre proche de son courant rapide, la vieillesse détruit le corps alors quele courant de notre vie court à la décrépitude.

24.- La vieillesse qui fait sa proie de la chait du corps humain prend autant de délice à dévorer sa jeune fleur qu'un chat à se nourrir d'une souris.

25.- La décrépitude élève son son rauque menaçant de hoquet dans le corps comme le chacal lance son cri hideux au milieu de la forêt.

26.- Le gâtisme comme une flamme intérieure consume le corps vivant comme un rondin de bois mouillé, éméttant là-dessus ses sons sifflants de hoquet et de respiration difficile, et elle fait monter les sombres fumées du malheur et des soupirs.

27.- Comme une plante grimpante qui fleurit, le corps se courbe sous la pression de l'âge, vire au gris comme les feuilles d'une plante qui se fânent et devient aussi maigre et mince qu'une plante après sa période de floraison.

28.- Comme un éléphant furieux renverse l'arbre blanc de plantain enun rien de temps, la vieillesse détruit le corps qui devient aussi blanc que le camphre.

29.- La sénilité, ô sage, est comme le porteur de la bannière du roi de la mort, battant son chouri de cheveux gris devant lui et apportant dans son train une armée de maladies et de difficultés.

30.- Le monstre de la vieillesse vaincra même ceux qui n'ont jamais été vaincus par leurs ennemis dans les guerres et ceux qui se cachent dans les cavernes inacessibles des montagnes.

31.- Comme les enfants ne peuvent pas jouer dans une pièce refroidie par la neige, les sens ne peuvent pas jouer dans le corps affligé par la vieillesse.

32.- Comme une fille qui jongle, la vieillesse parade sur trois jambes au son de la toux et des bouffées puantes, battant des deux côtés comme une timbale

33.- La touffe de cheveux gris sur la tête du corps âgé est comme un chouri attaché au sommet d'un manche de bois de santal blanc pour accueillir le despote de la mort.

34.- Alors que la vieillesse avance comme la lumière de la lune sur le paysage du corps, elle demande à la mort cachée de sortir d'elle, comme la lumière de la lune fait déployer ses bourgeons au nilumbium.

35.- Comme le blanc lavé de la vieillesse blanchit le corps extérieur, de ême la débilité, les maladies et les dangers deviennent ses pensionnaires dan sl'appartement intérieur.

36.- C'est l'anéantissement de l'être qui est précédé par la vieillesse, aussi, en tant qu'homme de petit entendement, je ne puis avoir aucune confiance dans la vieillesse.

37.- Quel est alors le bien de cette vie misérable, qui vit sous la sujétion de la vieillesse ? La sénilité est irrésistible en ce monde et elle défie tous les efforts pour l'éviter ou la vaincre.