YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

(traduction française : Gaura Krishna)

 

LIVRE I

 

CHAPITRE 6

ARRIVEE DE VISHVAMITRA A LA COUR ROYALE

1.- A ces paroles du prince des sages, le roi fut jeté dans la peine et le suspense, mais il garda le silence pendant quelque temps et attendit.

2.- Les reines du palais observaient les mouvements de Rama avec une attention angoissée.

3.- C'est à ce moment même que l'illustre Vishvamitra, le grand sage, vint à Ayodhya rendre visite au roi des hommes.

4.- Le sage et intelligent voyant avait ses rites sacrificiels perturbés par les Rakshasas pleins de fourberie et étourdis par leur force.

5.- C'était pour la sécurité de son sacrifice que le sage présentait ses respects au roi, car il était incapable de l'accomplir dans la paix.

6.- C'était aussi pour les détruire que l'illustre Vishvamitra, qui était le joyau de la dévotion austère, était venu à la ville d'Ayodhya.

7.- Désireux de voir le roi, il parla aux gardes qui se tenaient à la porte pour qu'ils rapportent au roi l'arrivée de Kausika, le fils de Gadhi.

8.- En entendant ces paroles, les gardes furent saisis de crainte et coururent comme on leur ordonnait jusqu'au palais du roi.

9.- En arrivant à la demeure royale, les gardiens informèrent le gardien-chef de l'arrivée de Vishvamitra, le sage royal.

10.- Le porteur du bâton se rendit immédiatement en la présence du roi qui était assis parmi les princes et les chefs dans la Cour et il lui fit son rapport en disant :

11.- "Votre Majesté, il y a un puissant personnage d'apparence majestueuse qui attend à la porte, il est brillant comme le soleil du matin et ses nattes pendantes sont pareilles à des rayons de soleil.

12.- L'éclat de sa personne a fait luire l'endroit depuis le drapeau le plus élevé jusqu'au sol et a fait briller d'une couleur dorée les chevaux, les hommes et les cuirasses.

14.- Le meilleur des rois, en entendant le héraut parler ainsi, se leva immédiatement de son trône d'or avec tous les ministres et les chefs qui l'entouraient.

15.- Il marcha immédiatement avec l'état-major des princes et des chefs qui le tenaient en honneur et le respectaient, ainsi qu'avec Vasishtha et Vamadeva.

16.- Il se rendit à l'erndroit où le grand sage attendait et il vit Vishvamitra, le chef des sages, qui se tenait à la porte.

17.- Son talent sacerdotal joint à sa valeur militaire le faisaient paraître comme le soleil descendu sur terre pour quelque cause.

18.- Il était blanchi par le viel âge, la peau rugueuse par la pratique des austérités, et couvert jusqu'aux épaules de tresses de cheveux d'une couleur rouge brillant, ressemblant aux nuages du soir dominant un front de montagne.

19.- Son regard était doux et son aspect engageant, mais il était en même temps aussi brillant que le globe solaire. Il n'était ni attirant ni repoussant mais il possédait en sa personne une gravité et une majesté. ineffables.

20.- Il était attirant et pourtant redoutable, clair et pourtant immense, profond et rempli (de connaissance), et il brillait.

21.- La durée de sa vie n'avait pas de limite de même que son mental, et l'âge n'avait pas affaibli son entendement. Il tenait à la main un pot d'ascète qui était son seul compagnon fidèle.

22.- La compassion de son mental, ajoutée à la douce complaisance de ses paroles et de son regard plaisaient aux gens comme si en vérité on leur servait des gouttes de nectar ou qu'ils étaient aspergés de rosée d'ambroisie.

23.- Son corps orné du cordon sacrré et ses sourcils blancs proéminents le faisaient paraître comme une merveille aux yeux de ses fidèles.

24.- En voyant le sage, le seigneur de la terre s'inclina profondément à distance, puis s'inclina devant lui si profondément que le sol fut décoré des pierres précieuses qui pendaient à sa couronne.

25.- Le sage à son tour accueillit le seigneur de la terre avec des paroles douces et gentilles, comme le soleil accueillant le seigneur des dieux.

26.- Après cela les brahmanes assemblés menés par Vasishtha l'honorèrent de leur accueil.

27.- Le roi dit : "Nous sommes grandement favorisés, ô saint sage, par ton apparition inattendue et par ta vision glorieuse, comme l'est un lit de lotus à la vue du soleil lumineux.

28.- Sage, j'ai ressenti à ton apparition le bonheur qui ne connaît pas de limite et qui n'a pas en lui de diminution.

29.- Nous devons être mis aujourd'hui au premier rang des fortunés car nous sommes devenus l'objets de ta venue.

30.- Avec ces conversations et d'autres du même genre qui continuèrent parmi les princes et les sages, ils se rendirent dans la salle de la Cour où ils prirent leurs sièges respectifs.

31.- Le roi voyant le meilleur des sages si grandement absorbé dans sa dévotion ressentit quelque hésitation à lui offrir lui-même l'arghya avec son expression de bonne humeur.

32.- Il accepta l'arghya que lui offrit le roi et il le salua pendant sa circumambulation selon les règles du Shastra.

33.- Ainsi honoré par le roi, il questionna le seigneur des hommes avec une expression de bonne humeur sur ls bonne santé et l'ampleur de ses finances.

34.- Venant ensuite au contact de Vasishtha, le grand sage le salua en souriant comme il le méritait et le questionna sur sa santé.

35.- Après que leur entretien et que leur échange de courtoisies eussent duré un moment à la satisaction de tous dans l'assemblée royale,

36.- Ils prirent tous les deux leur siège respectif; puis chacun accueillit respectueusement le sage à la grande prouesse.

37.- Après que le sage se fût assis, ils lui firent diverses offrandes de padya, d'arghya et autres.

33.- Ayant ainsi honoré Vishvamitra comme il se devait, le seigneur des hommes condescendit à s'adresser à lui avec un mental très heureux et en termes de soumission, les mains jointes.


SECTION II

(DISCOURS DU ROI DASARATHA)

39.- Il dit : "Ta venue ici m'est aussi heureuse que l'obtention du necat par quelqu'un, comme la pluie après la sécheresse et que l'obtention de la vue pour l'aveugle.

40.- Elle m'en en outre aussi délicieuse que l'obtention d'un enfant en sa femme pour un homme sans enfant et que la prise de possession d'un trésor dans un rêve.

41.- Ta venue ne m'est pas moins plaisante que la rencontre de quelqu'un avec l'ojets de ses souhaits, que la venue d'un ami et que la retrouvaille d'une chose que l'on pensait perdue.

42.- Elle me donne la joie que l'on ressent à la vue d'un ami défunt qui revient soudain par la voie du ciel. C'est ainsi, ô brahmane, que j'accueille la visite que tu me rends.

43.- Qui n'est pas heureux de vivre dans le paradis ? Je me sens moi-même, $ô sage, aussi heureux de ta venu et je te le dis en toute vérité.

44.- Quel est ton plus grand plaisir, et que puis-je faire pour toi , ô Vipra, le meilleurs des vertueux et qui mérite leplus justement mes services ?

45.- Tu as autrefois été fameux sous le titre de Raharshi; mais depuis, rendu glorieux à force d'ascèse, tu as été promu au rang de Brahmarshi. Aussi es-tu vraiment l'objet de mon adoration.

46.- Je suis si content de te voir que cela apaise le tréfonds de mon âme, de la même manière qu'une ablution dans le courant de Ganga réjouit l'esprit.

47.- Libre comme tu es des peurs et des désirs, de la colère, des passions et des sentiments de plaisir, de peine et de maladie, il est vraiment merveilleux, ô Brahmane, que tu doive avoir recours à moi.

48.- Je me dconsidère comme placé en un sanctuaire sacré et absout de toutes mes fauts, ou comme plongé dans la sphère lunaire, ô meilleur des érudits dans les vérités des Vedas.

49.- Je comprends ton apparition comme celle de Brahma lui-même devant moi, et j'avoue, ô sage, que je suis purifié et favorisé par ta venue.

50.- Je suis en effet si content de ton arrivée que je me juge fortuné dans cette vie et que je n'ai pasw vécu en vain mais ai mené une vie vraiment bonne.

51.- Mon coeur ne peut se contenir mais il déborde comme la mer à la vue de la lune, depuis que je tiens ici ta personne et que je t'ai présenté mes respectueuses salutations.

52.- Quelque soit ton ordre, et quelque puisse être l'objet, ô le plus grand des sages, qui t'a amené ici, sache qu'il est déjà accordé; car je dois toujours obéir à tes ordres.

53.- Tu n'as pas à hésiter à me dire ton meilleur souhait, ô descendant de Kusika, il n'y a rien avec moi qui puisse ^être gardé loin de toi si tu le demandes.

54.- Tu n'as pas à douter de mon exécution de l'acte. Je dis solennellement que j'exécuterai ton ordre jusqu'au dernier point, car je te considère être dans la lumière d'une divinité supérieure.

55.- En entendant ces douces paroles qui étaient plaisantes aux oreiklles, et délivrées avec une humilité digne de quelqu'un qui se connaît lui-même, le très illustre et méritant chef des sages se sentit très satisfait.

 

 

50.- Je suis en effet si