1.- Ainsi, ô descendant de Raghu, c'est l'être qui raisonne qui est digne de suivre les paroles de sagesse, comme un prince (l'est) pour un discours sur la politique.
2.- L'homme au mental clair et élevé, qui a renoncé à la compagnie des gens stupides, est capable d'un raisonnement juste, tout comme le ciel clair a la capacité de recevoir le clair de lune.
3.- Toi qui es rempli ce la grâce entière de cette qualité devrait maintenant suivre les paroles que j'exprime pour enlever les erreurs de ton mental.
4.- Celui dont la tonnelle de mérites se courbe sous le poids de ses fruits ressent le désir d'entendre ces paroles dans l'intérêt de son salut.
5.- Seul ceux qui ont le mental noble et non les vils sont les réceptacles des grands et saints sermons qui confèrent la connaissance de leur état futur.
6.- Ce recueil qui consiste en trente deux mille slokas est considéré comme contenir l'essence des moyens qui conduisent à la libération et donner l'annihilation finale.
7.- Tout comme une lampe allumée présente sa lumière à tout homme éveillé, de même cette uvre opère l'extinction ultime de chaque personne qu'elle le veuille ou non.
8.- Notre connaissance de cette uvre, qu'elle soit du fait de notre propre lecture ou qu'on l'entende répétée par d'autres, tend à l'oblitération immédiate de nos erreurs et à l'augmentation de notre délice, tout comme cela est fait par le fleuve sacré des cieux (Ganga).
9.- De même que la fausseté d'un serpent dans la corde est enlevée en l'examinant, la fausseté de la réalité du monde est enlevée par la lecture de cette uvre, qui donne la paix à celui qui est chagriné et fatigué du monde.
10.- Elle contient six livres, tous remplis de phrases pleines de raison, et chacune distincte de l'autre dans sa teneur. Elle a de nombreux versets qui contiennent des exemples choisis sur tous les sujets.
11.- Le premier livre traite de l'Indifférence et provoque la croissance de l'apathie (dans le mental), de même que celle d'un arbre dans le sol désert ;
12.- Il contient mille cinq cents slokas qui, bien considérés dans le mental, doivent lui apporter la pureté comme l'éclat d'une pierre précieuse après qu'on l'ait polie.
13.- Le livre suivant s'arrête sur la conduite de celui qui désire ardemment sa libération, et il contient mille slokas arrangés dans un ordre judicieux.
14.- Il décrit la nature des hommes qui désirent leur libération. Puis suit le livre sur la création du monde et il est rempli de récits et d'exemples.
15.- Il a sept mille slokas qui enseignent une saine philosophie sur le spectateur et le spectacle du monde sous la forme de - moi et toi - désignés comme ego et non-ego.
16.- Il contient une description de la production du monde à partir de son état de non-existence. Une attention assidue à ce chapitre apportera une connaissance complète de ce monde dans le mental de celui qui écoute.
17.- Cet ego et non-ego, et cette vaste étendue avec tous les mondes, espace et montagnes, doivent être vus comme n'ayant aucune forme ni base, et (on doit voir qu') il n'y a pas (en réalité) de telles choses.
18.- Il n'y a pas éléments tels que la terre et autres, qui n'existent que dans notre imagination, et qui sont comme des fantômes qui apparaissent dans un rêve, ou comme des châteaux dans l'air et des chimères du mental.
20.- Ils ressemblent aux collines mouvantes de la rive pour celui qui passe en bateau, sans qu'il y ait de mouvement réel en elles, ou on peut les comparer aux lutins qui apparaissent au mental chancelant. Telle est l'apparence du monde sans aucune semence ou source ou origine de son propre fait.
21.- C'est comme l'impression d'un conte dans le mental, ou la vue d'un collier de perles dans le ciel, ou le fait de prendre un bracelet pour son or ou une vague pour l'eau.
22.- Ou, comme la bleuté du ciel apparaît toujours à la vue sans être réelle, et charmant toujours pour la voir sans qu'il y ait en elle existence de couleur.
23.- Ainsi, quelles que soient les merveilles irréelles qui nous apparaissent dans nos rêves ou dans le ciel, elles ne sont que les ressemblances d'un feu dans un tableau qui semble brûler sans qu'il y ait aucun feu en lui.
24.- Le mot 'jagat' ou 'qui passe', est appliqué de manière appropriée au monde transitoire, qui passe comme la mer avec ses vagues qui se soulèvent, apparaissant comme une suite de fleurs de lotus qui dansent.
25.- Il est comme notre imagination d'un point d'eau en un endroit à partir du son d'oies colorées; et comme une forêt fanée en automne quand les feuilles et les fruits tombent et ne donnent ni ombre ni nourriture savoureuse.
26.- Il est plein d'appétits délirants comme ceux des hommes au moment de la mort, et aussi sombre que des cavernes dans les montagnes. De ce fait les efforts des hommes ne sont que des actions de leur frénésie.
27.- Il est mieux de demeurer dans le ciel clair de la philosophie automnale après l'affaissement du givre de l'ignorance, que de porter la vue sur ce monde qui n'est qu'une image sur un poteau ou une peinture sur le mur.
28.- Sache que toutes les choses sensibles et non sensibles sont faites de poussière. Ensuite vient le livre sur l'Existence.
29.- Il contient trois mille slokas remplis d'explications et de récits, montrant que l'existence du monde est une forme de l'essence de l'Ego.
30.- Il traite de la manière par laquelle le spectateur se manifeste comme spectacle, et comment la sphère à dix côtés de la charmille du monde se manifeste à la fois comme le subjectif et l'objectif.
31.-Il est ainsi arrivé à son développement qui est dit être éternel. Vient ensuite le livre sur la quiétude qui consiste en cinq mille slokas.
32.- Le cinquième (livre) est appelé le livre sur la sainteté, qui contient une série d'excellentes conférences, et qui montre la fausse conception du monde comme Je, toi et lui.
33.- C'est la suppression de cette erreur qui forme le sujet de ce livre, et l'écoute du chapitre sur la quiétude sert à mettre fin à notre transmigration dans ce monde.
34.- Après la suppression de la série d'erreurs, il en reste encore de légers vestiges au centième, de même que les troupes dispersées dans un tableau nous offre d'elles quelque vague idée.
35.- Viser l'objet d'une autre personne est aussi vain que de regarder la beauté d'une ville imaginaire et de s'asseoir dans l'espoir d'un objet inatteignable. C'est comme un combat bruyant pour quelque chose qui dort.
36.- C'est aussi futile qu'un homme aux désirs insatisfaits qui éclate en hurlements comme ceux des énormes et forts coups de tonnerre et que la construction d'une ville sur le modèle de nos impressions effacées d'un rêve.
37.- C'est aussi futile qu'une prétendue ville avec son jardin, ses fleurs et ses fruits qui y poussent, et qu'une femme stérile qui se vante des actions valeureuses de ses prétendus fils non-nés,
38.- ou quand un peintre est sur le point de peindre une ville imaginaire sur la base d'une carte en oubliant d'en esquisser d'abord un plan.
39.- C'est aussi vain que d'espérer un herbage toujours vert et des fruits en toute saison et la brise d'une charmille qui n'a pas poussé; ( ~ ou près d'elle dans un futur parterre de fleurs, agréable du fait des douceurs de printemps)( ???).
40.- Puis suit le sixième livre intitulé Annihilation, qui est aussi clair que les eaux d'un fleuve après tassement de ses vagues.
41.- Il contient le nombre de slokas qui restent, dont la connaissance est pleine d'importantes significations, et dont la compréhension conduit au bien suprême de l'extinction complète et de la pacification des désirs.
42.- La buddhi (intellect), s'étant soustraite de tous ses objets, présente la manifestation de l'atman (âme), qui est plein d'intelligence et libre de toute impureté. Il est enveloppé dans la gaine du vide infini, est complètement pur et dépourvu des erreurs du monde.
43.- Après avoir terminé son voyage dans le monde et y avoir accompli tout ses devoirs, l'âme assume un calme comme celui de la colonne du ciel, réfléchissant les images du monde tumultueux.
44.- Elle se réjouit extrêmement du fait d'être délivrée des innombrables pièges du monde, et elle devient aussi légère que l'air en étant libérée de son désire de rechercher des objets sans fin.
45.- L'âme qui ne prête aucune attention à la cause ou à l'effet ou du fait de faire une chose, comme aussi à ce qui doit être évité ou accepté, est dit être désincarnée bien qu'encombrée d'un corps et devenir hors du monde dans un état dans le monde.
46.- L'être intelligent se compare à un rocher solide, compact et sans trou. C'est le soleil de l'intelligence qui éclaire tout le monde et qui fait disparaître les ténèbres de l'ignorance.
47.- Quoique très lumineux, (l'atman) devient grossièrement assombri en étant confiné dans les viles folies du monde, et ravagé par la maladie de ses appétits.
48.- Lorsqu'il est libéré de la chimère de son égoïsme, il devient incorporel même dans son état incarné, et il voit le monde entier comme s'il était placé à la pointe d'un des myriades de cheveux (de son corps), ou comme une abeille assise sur une fleur sur le mont Sumara.
49.- L'âme intelligente et vide d'expression contient et a en sa sphère mille gloires du monde, brillant en chaque atome, comme si c'était dans un miroir.
50.- Il n'est même pas possible à un millier de Haris, de Haras et de Brahmas, d'égaler le sage au grand mental dans l'étendue de son âme compréhensive, parce que les libérés ont leur bien principal qui s'étend jusqu'à une bien plus grande limite qu'aucun.